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Cet épisode vous a plu, amusé, intrigué, ou fait réfléchir ?
Sachez qu’il est entièrement auto-produit, comme tous les autres.
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Je vous laisse, ça va être tout noir.
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Lecture de l’image
Il PARAÎTRAIT que je suis parfois UN PEU cryptique, et qu’on peut vite passer à côté du sens de certains épisodes « En résumé« . Tss. Bon, celui là n’échappe pas à la règle, puisqu’il implique aussi la nécessité d’avoir des références de très haut niveau culturel (RRRrrrr!!!, pour ne pas le nommer).
Alors une fois encore, je m’y colle et vous propose une lecture de l’image. Tout au moins telle que je l’ai pensée. Mais franchement, j’aimerais bien que vous preniez un peu le temps de « résoudre l’énigme » avant de vous jeter sur les explications (j’ai laissé mon fils devant, il a compris soudainement au bout de 2mn. Ma femme, non. Mais elle aime pas trop trop les jeux de mots.)
Dans le cult/null[choisissez]-issime RRRrrrr!!!, un personnage répète chaque soir « Ça va être tout noir ! », au point d’exaspérer tout le monde.
De plus, tous les personnages s’y appellent Pierre (âge de pierre oblige).
Chez moi, ils s’appellent visiblement Jean-Marcel.
Et ils répondent donc tous « Ta gueule » à celui qui, inquiet, serviable ou simplement pénible, les prévient en boucle que « Ça va être tout noir ! » (et de fait, il a raison : ça va être tout noir)
Rien que de très banal sur les réseaux sociaux, non ?
Le personnage va se plaindre au chef, disant « Chef, chef, les Jean-Marcel…».
(C’est là que ma femme décroche. Mais il suffit de le prononcer à haute voix pour comprendre.)
« les gens m’harcèlent »
Et le chef de lui répondre tranquillement, sur un ton paternaliste… « Mais non, P i e r r e. »
Conteste-t-il le harcèlement ? Lui rappelle-t-il simplement qu’à l’âge de Pierre, on ne peut pas s’appeller Jean-Marcel ? Who the fuck knows.
Alors, harcèlement, ou légitime ras-le-bol collectif ?
Sur les réseaux sociaux, il arrive très souvent (de plus en plus, même) qu’une personne vive comme un harcèlement ce que les autres considèrent comme de simples réponses contrariantes à un propos jugé absurde, provocateur ou juste pénible.
Quand l’un estime répondre « innocemment » (bien qu’inutilement agressivement ici, on en conviendra), l’autre y voit une volonté collective d’écrasement, d’humiliation ou de silenciation.
De fait, que chacun fasse cette réponse la rend de facto collective. Même si chacun ne fait qu’une réponse isolée, leur addition forme un effet de meute.
Qui a raison ?
Peut-être bien les deux, mon capitaine. Mais dès lors que l’une des deux parties le perçoit comme un harcèlement, c’est à dire le vit mal, peut-être convient-il de l’entendre, non ? Evidemment, chaque situation est unique, et la dénonciation d’un harcèlement ne doit pas à son tour devenir outil de silenciation. Mais en général, le premier problème qui se pose est la santé mentale de la personne qui subit de trop nombreuses contradictions, souvent virulentes ou insultantes. Et ça, psychologiquement, c’est une tornade. Would not recommend.
Je crains que le problème soit assez insoluble. Personnellement, l’usage même du mot « harcèlement » me gène. Car on s’en défend trop facilement en arguant de l’absence d’intentions. Je ne suis certainement pas au top sur le sujet, je sais qu’il existe tout un ensemble de termes désignant les pratiques, comme le dogpilling, ici. Mais celui-ci ne désigne que cette forme particulière de harcèlement, et la question de l’intention demeure.
L’intention ? Peut-on être victime sans qu’il y ait un coupable désigné ? Je pense que parfois, oui (mais on reste toujours coupable d’une réponse violente, menaçante ou insultante).
Bref, au delà du mot lui même, la seule chose qu’on peut espérer, c’est plus de lucidité sur la conséquence de ses contributions, même apparemment isolées, sur les autres. Et un questionnement sur ce qu’on vise exactement avec cet acte de langage : « Ta gueule ».
Car il y a fort à parier que chaque Pierre avait déjà bien entendu que le message avait déjà été passé.
Romain
Addenda : Delphine Besse me glisse judicieusement qu’on peut aussi se demander ce qu’il se serait passé si le Chef lui avait laissé finir sa phrase, au lieu de l’interrompre.